En tant que spécialiste des ressources humaines et de la transformation organisationnelle, j'ai été interpellée par les résultats d'une étude révélant que seulement 24% des employé.e.s se sentent apprécié.e.s au travail. Ce chiffre, bien qu'alarmant, ne m'a malheureusement pas surprise.
On m'a interrogée sur le sujet sur les ondes de #TVA Nouvelles. Je vous en présente ci-dessous mes conclusions. L'entrevue complète est accessible ici :
Un phénomène de "retour vers le futur"
Nous assistons à ce que j'appellerais un "retour vers le futur" en matière de satisfaction au travail. Au début de la pandémie, le taux d'appréciation des employé.e.s avait grimpé à 50%, contre 29% en 2019. La chute à 24% en 2024 témoigne d'une profonde déception suite à un regain temporaire de confiance envers les employeurs. Cette baisse significative peut être attribuée en grande partie à la gestion du retour à la "normalité" post-pandémique. Les attentes des employé.e.s ont évolué, mais de nombreuses entreprises peinent à s'adapter à ces nouvelles exigences de base. Certaines au contraire démontrent une résistance ouverte.
La grande démission : un signal d'alarme
Le fait qu'un.e travailleur.se sur cinq envisage de quitter son emploi est un chiffre alarmant, mais révélateur du phénomène de "grande démission" que nous observons actuellement. Dans un contexte d'inadéquation de la main-d'œuvre avec les emplois disponibles ou à l'être, le bien-être des employé.e.s n'est plus seulement une question de rétention, mais devient un facteur direct de rentabilité pour les entreprises.
L'importance cruciale de la culture d'entreprise
L'attachement des employé.e.s à leur entreprise repose principalement sur deux piliers : les collègues de travail et les gestionnaires de proximité. Malheureusement, nous constatons une augmentation inquiétante du nombre de gestionnaires en situation d'épuisement professionnel ou de désorganisation[1]. Ce phénomène fragilise l'un des fondements essentiels de la culture d'entreprise.
Prenez soin de vous : Pour être en mesure de prendre soin de vos employé.e.s, vous devez d'abord veiller à votre propre bien-être.
Dans le choix de vos priorités de la journée focalisez-vous sur le bien-être et la sécurité psychologique. Si vous savez quoi faire sur le plan technique, vos employé.e.s également. Et dans le cas contraire, la sécurité psychologique accélère la courbe d'apprentissage. :-)
Collaborez étroitement avec les RH: n'hésitez pas à solliciter le soutien des ressources humaines pour vos conversations difficiles et la mise en place de programmes adaptés.
Acceptez le changement : Il ne vous rend pas moins compétent.e. La volonté de revenir à la "normalité" d'avant-pandémie se heurte au besoin accru de flexibilité des employé.e.s. Il est crucial d'accepter cette nouvelle réalité et de s'y adapter.
Le rôle central des RH dans cette transition
Face à ces défis, les ressources humaines ont un rôle important à jouer. Les professionnel.le.s RH sont les mieux placés pour comprendre et anticiper les besoins changeants des employé.e.s, et pour aider les dirigeant.e.s à naviguer dans cette période de transition.
Accompagner en douceur les dirigeant.e.s dans la compréhension et l'adaptation à ces nouvelles dynamiques de travail.
Veiller au bien-être des employé.e.s et créer un environnement de travail qui répond à leurs attentes évolutives. La diminution des appuis provenants des dirigeant.e.s ne changent rien au besoin. Soyez créatif.ve.s
Vers un nouveau paradigme de gestion
Bien qu'elle ait l'ai si loin de nous, la pandémie a accéléré des tendances qui étaient déjà en gestation. Le retour aux anciennes pratiques bien que possible ne nous fera pas revenir en arrière. Cette époque est révolue. Nous devons en créer une toute neuve. Aujourd'hui, les entreprises qui réussiront seront celles qui sauront placer la sécurité psychologique, le bien-être et l'épanouissement de leurs employé.e.s au cœur de leur stratégie. Les ressources humaines ont désormais un rôle stratégique crucial à jouer dans cette transformation.
C'est en embrassant ce changement et en donnant aux RH le pouvoir d'influencer réellement la culture d'entreprise que nous pourrons construire des organisations plus résilientes, plus performantes et plus humaines.
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